L’autisme de l’intérieur

Qu’est-ce que l’autisme sans déficience intellectuelle?

L’autisme sans déficience intellectuelle est une part importante du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), 80% des personnes autistes sont concernées. Il s’agit d’un autisme sans déficit intellectuel. Et bien sûr, les personnes ayant une sur-efficience intellectuelle … HPI, THPI, TTHPI, HQI, THQI, sont concernées par cette forme d’autisme TSA SDI.

Et parler du spectre autistique est très enrichissant, car ainsi on peut envisager les différentes manifestations de l’autisme, qui selon chacune et chacun diffèrent. Imaginons une palette infinie de couleurs qui expriment le fonctionnement autistique.

Articles sur l’autisme, de l’intérieur

🌀 L’autisme invisible concerne aussi les hommes !

Il est admis que l'autisme féminin est souvent plus difficile à détecter, car la fille ou la femme autiste compense davantage grâce notamment à certaines habilités sociales et s'investit dans des intérêts plus communs que son homologue masculin.

Or, je constate qu'un certain nombre de garçons et d'hommes ont la même "invisibilité", du fait de ces mêmes habilités à compenser et/ou à camoufler, et d'intérêts à des sujets "passe par tout".

Ainsi, s'il est primordial d'explorer ce qu'est l'autisme au féminin et de l'éclairer de plus en plus, il est, je crois, essentiel de mettre à jour les connaissances sur l'autisme masculin.

Comme si jusqu'à peu les connaissances étaient issues de l'observation de la face immergée de l'iceberg ; celle qui saute aux yeux.
Or, en découvrant que la fille et la femme autistes, aux subtilités et aux nuances plus discrètes ou plus complexes, existaient bel et bien et devaient êtres prises au sérieux, les connaissances sur l'autisme ont fait un bond en avant.

Il s'agit maintenant, d'intégrer les garçons, les ados et les hommes dont l'autisme est également peu visible, parce que léger, et/ou parce que compensé par d'autres ressources cognitives et/ou parce qu'il ne se manifeste pas tel qu'on l'attend, là où on l'attend.

L'homme autiste peut, tout comme la femme, s'intégrer bien dans la société, être engagé dans son travail, au sein de sa famille, ne pas avoir de comportements stéréotypés et passer inaperçu.

Et si nous osions aller vraiment au-delà des clichés et les représentations toutes faites sur l'autisme au masculin afin d'envisager de nouvelles perspectives ... et découvrir que d'autres petits garçons ou ados ou hommes sont concernés par ce fonctionnement qui mérite d'être vu et reconnu.

🌀 Une histoire de présence

“Je suis encore étonnée, après tout ce temps de vie avec moi-même, de mon rapport au monde. De mon type de PRESENCE au monde.

Pendant un temps je me sentais comme une éponge qui absorbe tout ce qu'elle croise.
Mais en réalité il s'agit plus d'une adhésion. Je colle à tout ce que je vois ; ou alors tout ce que je vois me colle.

J'adhère physiquement à mon champ sensoriel : ce que j'entends, vois, sens.
Tout ce que j'entends se colle à moi, chaque bruit, son, chaque mot. Dans son état brut. Tel que cela est dit de manière explicite.
Tout ce que je vois se colle à moi, chaque détail, chaque attitude, expression, regard, chaque lumière, etc.. aussi dans son état brut.
Chaque odeur, chaque toucher...
Ça se colle ou je colle. Et quelques fois ou même souvent, cela demeure même une fois que la situation a changée.
Et ce phénomène s'opère aussi pour un film que je regarde, un texte que je lis ou une situation que j'imagine.

Chaque détail se colle à moi, et je ne sais pas toujours comment l'intégrer, l'ingérer ou le laisser de côté.
En réalité, le problème est que je ne sais pas quoi en faire.
Et ceci est le propre de mon rapport au monde, depuis toujours.

C'est comme si tous ces détails que mes sens et mon intellect captent m'étonnaient toujours. Alors je cherche à comprendre, j'en tire des conclusions, je ressens une flopée de sensations, d'émotions, mes pensées moulinent, je cherche le sens, la valeur.
Et je me sens soit en sécurité, soit en insécurité, selon le sens ou la valeur que je donne à ce qui se passe dans la situation que je vis, à l'instant t."

Et toi, comment vis-tu ta présence au monde ? Il y a-t-il des aspects qui te parle dans ce que j'évoque ?

🌀 Besoin d’être pris au sérieux par autrui ! … mais s’il était lui aussi autiste (sans le savoir) ?

Lorsque l'on se sait ou que l'on se découvre autiste, on a besoin que l'autre prenne au sérieux nos difficultés et nos besoins spécifiques. Et ceci est tout à fait légitime.
Mais si l'autre est également autiste sans le savoir, sans que cela soit reconnu, que se passe-t-il ?
N'y a-t-il pas un risque de dire : "ma difficulté ou mon besoin est plus important que le tien" alors même que finalement on ne sait pas toujours comment fonctionne l'autre en face de soi, et quelles sont ses difficultés handicapantes... que ce soit son mari ou sa femme, son collègue, sa mère ou son enfant.


Prenons un exemple :
une femme est hypersensible au bruit alors que son mari a des gestes brusques et qu'il manipule la vaisselle bruyamment. Si elle lui demande de faire plus doucement parce que sa sensibilité ne peut pas supporter le bruit qu'il fait, elle se trouve sans doute légitime si elle se sait autiste.
Mais si jamais le mari en question est également autiste, tout en l'ignorant, il ne pourra se défendre. Alors même que ces gestes bruyants sont le fruit de son propre autisme, et qu'il ne peut pas faire autrement.
Ainsi, la femme ne peut pas attendre de son mari qu'il la prenne au sérieux dans son handicap invisible, qu'il l'inclut comme elle est dans sa relation à lui, et exclure de son côté ses besoins et ses difficultés à lui, qui sont peut-être tout au temps agissant et handicapant que les siens. Mais moins exprimés et reconnus.


C'est pourquoi, je dirais volontiers que l'inclusion du handicap invisible doit concerner aussi celles et ceux qui ne savent même pas qu'ils souffrent d'une forme d'handicap. Car ces personnes qui n'ont pas (encore) d'étiquette ou de reconnaissance risquent d'être encore plus malmenées.
Qu'en dis-tu ?